L’écoute fait la parole

Jour 17 – Dimanche 2 mars 2025.

Nous avons toutes et tous des petites voix intérieures qui s’expriment. Certaines trouvent même le moyen de se faire entendre à l’extérieur.

Lorsque je parle de s’écouter soi-même, je veux dire de prêter attention à ces petites voix pour comprendre, au-delà du message lui-même, ce qu’elles tentent de nous faire comprendre.

Avant [le burn-out], le registre du « il faut / tu dois » était prédominant chez moi, avec toutes ses variations autour du « tu aurais mieux fait de / tu n’aurais pas dû ». Je n’étais pas consciente que ces petites phrases représentaient un jugement intériorisé de mes actions, faites ou attendues.

Sur le plan émotionnel, le trio colère / frustration / peur était omniprésent. Je n’étais pas non plus consciente que ma peur était d’être jugée, ma frustration de devoir faire toujours plus et mieux, et ma colère de ne pas être acceptée telle que je suis.

Et les évènements qui me renvoyaient à une insuffisance (de mon travail, de mes actions, de mes qualités) me touchaient profondément, même lorsqu’ils étaient mineurs.

Pour finir, il m’arrivait régulièrement de constater que la joie attendue d’une activité plaisante n’était pas au rendez-vous. Le stress ou la frustration s’invitait régulièrement sans que j’en prenne conscience. Et je me désolais à chaque fois d’avoir encore raté une occasion de « partager un bon moment ». A cette même période, j’étais incapable d’identifier mes besoins en dehors des besoins vitaux et naturels.

Le jour où j’ai décidé de suivre ma joie et d’apprendre à m’écouter pour identifier mes besoins, j’ai peu à peu compris que ces petites voix étaient à la base d’un cercle vicieux. Elles me jugeaient toujours sévèrement, alimentant ces sentiments désagréables qui, à leur tour, m’empêchaient de savourer l’instant présent. Ensuite je m’en voulais de n’avoir pas pu ou su profiter du moment. Et, avec la culpabilité, la boucle était bouclée.

Par peur d’être rejetée par les autres, je me rejetais moi-même.

J’ai donc décidé de guetter la honte et la culpabilité comme des signaux d’un jugement sévère intériorisé. Et lorsque je les ressentais, au lieu de me juger, je cherchais à me comprendre en me demandant pourquoi. Pourquoi mes actes n’étaient-ils pas à la hauteur de mes attentes ? Quelles étaient mes contraintes et besoins lors de ces actes ? En me comprenant, j’ai réussi à m’accepter malgré mes imperfections. Et la joie est revenue.

Avec elle, est revenue aussi la capacité d’identifier le blocage comme un mécanisme de protection. Donc la capacité à comprendre que chacun a ses limites et qu’il est essentiel de les respecter. Ce qui m’aide à comprendre autrui, donc apaise et facilite mes relations interpersonnelles.

J’assume donc totalement que s’écouter (pour se comprendre) n’est pas le signe d’un égoïsme forcené ni d’une faiblesse caractérisée. C’est une règle d’hygiène de vie élémentaire, pour soi comme pour la société.