Comme un oiseau…

Jour 2 – Samedi 15 février 2025.

Krishnamurti, dans son livre « Pourquoi avons-nous peur ? », explique que toutes nos stratégies pour enfouir, écarter ou dépasser nos peurs sont vaines. Car nos peurs ne sont pas différentes de nous. Nous sommes nos peurs. Ainsi il explique qu’il faut observer nos peurs avec beaucoup d’attention, sans bouger. Un peu comme on observerait tous les détails d’un oiseau posé sur le rebord de notre fenêtre, parfaitement immobile pour ne pas qu’il s’envole.

En théorie, pourquoi pas. Mais en pratique, comment je fais ça ?

J’ai déjà testé le yoga et la méditation : je ne sais pas rester immobile sans que mes pensées fusent dans tous les sens. Je m’ennuie, cherche l’heure, pense aux courses, à ce que j’ai oublié, bref je suis ici mais ailleurs.

Je vois à peu près comment observer attentivement quelque chose de visible, même si je suis tout à fait sûre de ne pas réussir à noter les détails. Ma vision est plus globale, je vois les grandes lignes, je sais facilement tirer les projections dans le temps, établir des ponts entre des choses éloignées. Mais j’ai un mal à fou à déplier encore et encore un même fait pour en tirer toutes les caractéristiques. Peut-être avec de l’entrainement ? Admettons.

Mais observer attentivement un mélange de sensations corporelles et de pensées, par définition invisibles, fugaces et même pas localisées ?

« Je ne vais pas y arriver » et « Laisse tomber, tu as d’autres choses à faire » émergent aussitôt.

Tiens, tiens ? Ne seraient-ce pas une peur et un début de culpabilité qui montreraient leur nez ?

Si, si. Je les reconnais. De vieilles amies – si je puis dire.

« Incapable, gourde, empotée » comme un écho lointain. Complété par « Fainéante, lente, toujours fatiguée ».

Ces phrases là ne datent pas de mes 1000 premiers jours, évidemment. Enfin je crois car on n’a justement pas de souvenir de ces 1000 premiers jours.

Mais finalement l’important n’est pas de quand elles datent. L’important est : quel pouvoir je leur donne aujourd’hui ? 

Bien moins qu’avant ces 2 ans et demi. Et j’en suis heureuse. Mais elles sont toujours là, tenaces. Comme moi.

En attendant, mon observation immobile n’a pas duré et, comme l’oiseau, mon attention s’est envolée.

Caramba, encore raté !