Etonnant, non ?

Jour 9 – Samedi 22 février 2025.

Ce matin je n’ai pas envie de me lever, pas d’envies de choses à réaliser.

Il se passe bien 1 h avant que je me décide à adopter une position verticale. Et je commence mes activités avec une sensation étrange, un peu comme si j’étais dégoûtée ou dépitée.

Je mets un moment avant de comprendre pourquoi.

J’avais prévu d’avancer sur mon site web et de tailler mes bambous. Mais le rosier que j’ai récupéré hier a besoin d’être replanté très vite : cela fait 2 jours que ses racines sont hors sol. Il est énorme, je ne sais pas bien où le mettre. Et je pressens qu’il va m’obliger à changer mes plans, ce qui est la source de mon dépit.

Lorsqu’on m’a proposé ce rosier, je m’en suis sentie dépositaire, un peu comme pour la maison que j’habite ou le mobilier que j’ai récupéré. Comme si je n’étais que l’instrument d’une transmission au-delà des gens. Pour transmettre, je dois maintenir en l’état, maintenir en vie. Donc je dois trouver une place à ce rosier qui dépasse très largement en taille (et en épines) ce que je m’étais imaginé au départ.

La météo est avec moi et je réussis à finir de dégager tout un mur de pierre du lierre et de la glycine qui le colonisaient, à retirer complètement un petit arbre et le pied de glycine (bien installé), à creuser un trou (pas assez profond) et à replanter le rosier (seule et sans gants car je ne les ai pas trouvés).

Durant ces 4 h de jardin, je suis concentrée sur ce que je fais et mon objectif est clair. J’ai l’énergie et la concentration nécessaires pour aller au bout de ce que j’ai entrepris. Je me sens comme en zone de flow : je perds la notion du temps, j’avance régulièrement et ma motivation ne faiblit pas.

C’est un de ces moments de grâce où l’action est juste et tout semble aller de soi.

Une fois le rosier en place, je partage le résultat de mon travail car j’en suis fière. Ceux qui me l’ont donné avaient mauvaise conscience de l’avoir arraché. J’espère par ce partage leur montrer qu’il a retrouvé une autre place, comme s’il avait juste déménagé.

Je doute qu’il survive, alors j’ai fait 6 boutures pour avoir une chance de maintenir au moins une partie de ce rosier en vie. Ca me donnera l’occasion de guetter chaque matin l’apparition (ou pas) de petites racines.

Je range mes outils et la pluie arrive, juste après, à temps pour compléter l’arrosage du rosier fraichement installé. Il est exactement l’heure où je dois me préparer pour sortir. Comme si la météo et le temps qui passe m’avaient attendu.

Etonnant, non ?